"Pourtant, tout vient de commencer " ~ Libre ~

La neige. Irréelle dans sa robe blanche. Sublime couche glaciale d'une blanchâtre éclatante gisant sur le sol, laissant les pas sur elle-même. Sur la musique du silence, les flocons dansaient telles des plumes indomptables avant de se déposer sur le sol, le recouvrant d'un épais manteau immaculé. La belle neige fleurissait au loin les branches de houx. En l'espace d'une nuit, le camp et la forêt s'étaient métamorphosés et Lira, restait, immobile à l'entrée de sa tanière, admirant le spectacle qui s'accomplissait sous ses yeux. Une mer blanche remplaçait la forêt de jadis. Les couleurs d'Automne avaient elles aussi disparues. Tout était blanc. La camp était méconnaissable en ce premier matin de neige.

La femelle s'était levée quelques instants plus tôt. Elle avait effectuer sa toilette habituelle, lissant chaque parcelle de sa fourrure quelque peu ébouriffée, s'était étirer longuement, avait enjambé les corps encore endormis avant de sortir dehors. Là, elle s'était arrêtée et observait, fascinée, sans jamais s'en lasser, le nouveau paysage. Elle n'avait pas souvent eu dans son passé, l'occasion d'admirer ce diaporama si distrayant. Elle baissa la tête et détailla la couche délicate déposée sur sol. Alors, elle osa poser une patte. Celle-ci s'enfonça sur quelques centimètres. Elle frissonna en sentant le froid qui l'envahissait peu à peu, lui procurant une sensation étrange. Lorsqu'elle fut habituée à cette température, elle avança, pas par pas, d'un oeil à la fois prudent et curieux. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'un souvenir remonta à la surface. Elle, jeune, entrain de s'amuser avec ces jeunes compagnons dans la neige. De bons moments. Elle se dirigea vers l'endroit où devait se situer le garde manger. Son sourire s'effaça immédiatement lorsqu'elle constata qu'il n'y avait pas de garde-manger. Rien. Même pas une maigre souris. L'hiver .. Tellement éblouie par la poudreuse qu'elle en avait oublié que la neige était annonciatrice de grand froid et de famine. Soit, de mort. Elle s'adressa à la Grande Saison, l'implorant de stopper cette catastrophe qui se produisait sous ses yeux médusés. Les guerriers ne pourront plus chasser. Leurs raisons de vivre sont ces dernières, et, sans elles, ils en mourront, désœuvrés. Les chatons ne pourront plus jouer ni explorer le camp comme ils adorent tellement le faire. Le guérisseur ne pourra accomplir ses obligations, son travail qu'il aime tant. Ô Grande Saison, faîtes que le Clan des Tenduas soit épargné de toutes ces atrocités.

Le camp était désert. La femelle entreprit d'aller chasser, déterminée à ne pas laisser son Clan mourir de faim. Elle allait se battre pour eux, pour ses petits, pour son Clan, pour les Tenduas.

La femelle avait quitté, quelques instants plus tôt, le camp mort, sous le soleil qui se pointait à l'Est, propageant autour de lui une frange de lumière crue ainsi que sa douce chaleur qui se posait sur la Terre. Si le soleil restait ainsi tout le long de la journée, la neige fonderait et alors, ce serait un immense désastre. Il y aura, sur les terres en tous lieux, des écoulements d'eau et de gros risques d'inondation. Elle chassa cette pensée et soupira, tentant de se convaincre que çà n'arrivera pas.

Elle observa les alentours. La forêt était silencieuse et étrangement calme. La jeune panthère savait qu'il fallait qu'elle fasse de même car, en cette saison, les proies se faisaient rares et l'échec était la plupart du temps assuré lorsque les félins ne se montraient pas un minimum silencieux et adroits. Elle huma l'air.. Une forte odeur d'humus régnait sur les lieux mais aussi, quelque peu en retrait, une effluve alléchante. Un lapin. La féline se mit en quête de ce gibier tentant. Elle ne prit pas beaucoup de temps à le trouver, un lapin blanc plutôt dodu marchait lentement sur la poudreuse. Sur la neige, elle était presque indécelable grâce à sa fourrure blanche. Seul contrastait ses tâches noires. Elle rampa contre la couche glacée réprimant une envie de hurler de froid et, lorsqu'elle fut toute proche, se mit en posture de chasse et bondit. Elle n'eut aucun mal à l'attraper et, après l'avoir achever, le prit dans sa gueule avant de l'enterrer.

La belle panthère avait passé la matinée à chasser et, épuisée et heureuse, décida de prendre une pause en allant faire une sieste. Juste avant de se rendre à l'Arbre de Repos, elle entreprit d'enterrer ses proies. Elle les reprendrait qu'une fois en chemin de retour vers le camp. L'acte fait, elle trottina en direction de l'arbre imposant, dans ses pensées. Elle fut tirée de sa torpeur par un bruit proche juste devant elle. Elle sursauta, avant de dresser les oreilles, aux aguets. Ce n'était autre qu'un tigre magnifique et imposant. C'était étrange, elle ne l'avait encore jamais vu. Alors, elle décida de se présenter, d'un ton avenant et bienveillant.

" Bonjour, je suis Lira, guerrière Tenduas. Et toi qui es tu ? D'ailleurs, que fais tu ici, sur un territoire Tenduas ? "

Dans sa voix aucun soupçon de mépris ne perçait son ton. En effet, la belle femelle avait posé cette question par simple curiosité et non par agressivité.

Elle entreprit de s'asseoir enroulant sa queue touffue autour de ses pattes, attendant la réponse du félin, un sourire dessiné sur son visage.

En l'attente d'une réponse, j'entrepris d'observer le félin qui me faisait face. C'était une tigre de grande beauté. Il était majestueux et imposant et, malgré sa grande carrure, il dégageait une certaine grâce et délicatesse. Sa fourrure était d'un joli roux tigré de noir. Par endroit, on pouvait apercevoir quelques touches de blanc. L'ensemble était harmonieux. Quand à ses yeux, d'un bleu pur, aspirait bienveillance. Ses prunelles pouvaient se faire comparer à deux grands lacs, dans lesquels on aimerait rester plonger pour toujours.

Soudainement, le jeune mâle prit la parole, sortant Lira de sa torpeur :

" Je suis Aiko, membre de la Meute Baghas. "

A son ton neutre, et au manque de réponses à sa seconde question, la féline eut peur de l'avoir contrarié. Elle entreprit de s'excuser mais déjà, Aiko reprenait.

" Ce que je fais sur tes terres ? Je cherche des renseignements à propos des félins inconnus, ce qui font chier tout le monde, ou qui nous vole nos proies. "

Ah d'accord.
Ces félins n'auraient jamais dû exister.
Ce sont des monstruosités de caractère.
Il n'aspire qu'haine et méchanceté.

Lira avait essayé de les approcher pour savoir quelles étaient les raisons qui les poussait à agir ainsi. A chaque fois, cela se terminait en échec.

" Je comprends. Je veux bien t'aider, si tu le souhaites. "

En effet, la femelle connaissait ses territoires par coeur et serait surement d'une forte aide au tigre.

Tout un coup, un odeur alléchante envahit ses narines.
L'effluve était tellement forte, que Lira ne sentit pas l'odeur derrière.
Cette dernière, était une odeur horrible, effrayante et malsaine.
Toute proche ..