Le soleil n’était pas encore visible, avait à peine dépassé les rochers de la plaine qui nous entourait que j’étais partie. Partie loin, assez loin du camp, sans prendre le temps de plus dormir. Je n’étais pas fatiguée, loin de là, et je ne dormais jamais beaucoup. C’est inutile de perdre son temps à dormir alors qu’on peut profiter pleinement d’une belle journée pleine de surprises. Je n’étais pas plus fatiguée que si j’avais dormi des journées entières. C’était sans vraiment savoir où j’allais aller, sans même savoir ce que j’allais faire, que je m’étais éloignée silencieusement du camp, sans le moindre bruit. Je n'avais pas beaucoup d'affinités avec les autres félins de mon clan, alors je ne m'y était pas attardée. C'est après plusieurs minutes de marche à l'aveugle que j'étais arrivée, sans vraiment le vouloir ni le penser, au Basin Tropical. Endroit magnifique, je dois dire. Et cela faisait maintenant près d'une heure que j'y étais...

J'aime vraiment cet endroit. C'est comme un signe de paix, où on ne peut s'empêcher d'être calme quand on y est. L'eau pur, clair et limpide qui tombe dans le bassin donne l'impression de venir tout droit d'un glacier qui serait à seulement quelques mètres d'ici. L'endroit est vraiment unique. Je m'assis devant la cascade et, pendant de longues minutes, restait à la contempler. L’œil rouge admirant la force de la cascade, l'œil jaune admirant la beauté de l'eau. Ce n'est pas gâcher son temps. C'est se rendre fort, beau, toujours plus loin dans une progression sans fin que si peu ne connaissent. Je n'entendais rien, ne sentais rien, je restais juste ici, immobile, à observer l'eau. Mais un bruit, seulement un, me sortit de mes pensées qui me piégeaient telle que je le souhaitait. Je reconnus alors l'odeur du propriétaire du bruit. Sans hésiter, je me retournai avec lenteur et baissai la tête, signe de soumission en ce qui me concerne. Le félin qui venait était l'un des rares que je respectais, à qui je devais tout ou presque et pour qui je n'hésiterais pas une seconde à me sacrifier pour lui. Elle. Virvolte.

Spoiler:

Virvolte ne tarda pas et se dirigea vers moi, comme je m'y attendais. Non pas que ça me dérangeais, loin de là. Virvolte ne m'avais jamais fait de mal, jamais insultée, heureusement, et me considérais, enfin je l'espère, comme un félin parfaitement identique et sans défauts par rapport aux autres. Enfin, tant mieux. Je ne vais surement pas me plaindre pour ça. Problèmes de territoires ? Odeur suspecte ? Bien que je n'étais pas venue pour ça, j'aurais bien remarqué si il y avais eu la moindre chose étrange. Je n'avais rien vu, rien sentit, et l'endroit n'avait pas l'air d'être vraiment suspect pour le moment.

Bonjour, Virvolte. Non, rien pour le moment. Je ne pense pas qu'il y est le moindre intrus pour l'instant, l'endroit est plutôt calme. Je ne suis pas vraiment venue pour ça, mais j'aurais bien remarqué ou sentit s'il y avait eu quelque chose.

Sans ajouter quelque chose d'autre, je balayai les alentours du regard. L'endroit était vraiment paisible et, même si je ne le fiais jamais aux apparences, personne n'aurait pensé qu'il pourrait y avoir le moindre petit danger, même minime, dans les environs. Les félins qui passaient dans le coin n'avaient de toute façon rarement l'attention d'attaquer à cet endroit, déjà trop éloigné du camp, mais aussi parce que cet endroit tropical était régulièrement envahit de félins Wotes. Si l'un de ces félins assassins voulaient attaquer, ils ne venaient pas ici. Les félins à riposter étaient trop nombreux, il fallait vraiment être un grand groupe pour commencer une bataille et, dans ce cas, autant attaquer directement le camp. C'était plus efficace, plus plaisant pour des félins assassins et à peine plus risqué. Non, l'endroit était vraiment, comme habituellement, calme.

Spoiler: